Briser le silence : comment parler d’amour et de sexualité avec ses enfants

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Longtemps, l’amour, le corps et la sexualité ont été des sujets tabous. Dans beaucoup de familles, on n’en parlait pas. Ou si peu. Cette pudeur a marqué toute une génération de parents d’aujourd’hui. Beaucoup n’ont pas reçu de mots, ni de repères pour comprendre. Pourtant, un désir nouveau émerge : celui de faire mieux avec ses enfants. Les parents veulent offrir une éducation plus ouverte, plus saine. Mais comment aborder ces sujets quand on ne l’a pas vécu soi-même ? La bonne nouvelle, c’est qu’il n’est jamais trop tard pour apprendre… et encore moins pour transmettre.

Pourquoi c’est si difficile d’en parler ?

Si tant de parents se sentent démunis, ce n’est pas par manque d’amour. C’est le poids de l’héritage. Dans beaucoup de familles, le silence régnait autour de la sexualité. On grandissait avec peu d’explications, parfois des interdits, souvent des non-dits.

À cela s’ajoute la peur de mal faire. Certains redoutent d’aller trop vite, d’en dire trop, ou au contraire pas assez. La crainte d’abîmer l’innocence de l’enfant peut freiner.

Il y a aussi la gêne liée à son vécu personnel. Un parent peut porter des blessures, des expériences douloureuses, ou simplement un manque de confiance. Tout cela rend la parole plus difficile.

Reconnaître ces obstacles est déjà un premier pas. Les nommer, c’est commencer à s’en libérer.

infographie dialoguer avec son enfant

Commencer par soi : un pas essentiel

Avant de parler à son enfant, il est précieux de se tourner vers soi. Car transmettre, c’est d’abord savoir ce que l’on souhaite partager.

Un exercice simple consiste à se poser quelques questions :
  • Qu’est-ce que l’amour représente pour moi ?
  • Quels messages positifs ai-je envie de donner sur le corps ?
  • Quelles valeurs sont importantes à mes yeux : respect, consentement, confiance ?
  • Quelles zones d’inconfort ressens-je quand j’aborde ces sujets ?

Écrire ses réponses permet d’y voir plus clair. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. C’est un chemin de réflexion, pas un examen.

Cet effort d’autoréflexion aide aussi à repérer ses propres croyances. Certaines viennent de notre éducation, parfois marquée par la peur ou la honte. Les nommer, c’est déjà s’en libérer.

Dialoguer sans être expert

Une idée freine souvent : « Je ne suis pas un expert, alors je ne suis pas légitime ». En réalité, les enfants n’attendent pas un cours parfait. Ils attendent une oreille, une présence.

Être authentique compte plus que tout. Dire : « Je n’ai pas toutes les réponses, mais je peux t’écouter et chercher avec toi » est une phrase magique. Elle ouvre un espace où l’enfant se sent reconnu.

Comment amorcer ? Par de petits pas. Par exemple :

  • Réagir à une question posée sans détourner le sujet.
  • Partir d’un moment du quotidien, d’une scène dans un film, d’une phrase entendue à l’école.
  • Employer des mots simples, adaptés à l’âge de l’enfant.

Et surtout, accepter les maladresses. Un dialogue imparfait vaut mieux que pas de dialogue du tout. Les enfants sentent l’intention. C’est ce lien qui compte plus que la réponse exacte.

Créer un climat de confiance au fil du temps

Parler d’amour, du corps ou de sexualité ne se fait pas en une fois. C’est une suite de petites conversations. Ce sont des graines semées au fil de la vie quotidienne.

L’idée n’est pas de tout dire d’un coup, mais de s’adapter aux questions de l’enfant.

  • À 4 ans, il s’agit de nommer les parties du corps avec des mots justes.
  • À 10 ans, on peut introduire le respect de l’intimité.
  • À l’adolescence, viennent les discussions sur le consentement, la contraception, les émotions.

Astuce pratique : quand un enfant pose une question, commencez par lui demander « Et toi, qu’est-ce que tu sais déjà ? ». Cela permet d’ajuster vos mots à son âge et à son niveau de compréhension.

Pour nourrir ce dialogue, vous pouvez vous appuyer sur des supports. Des livres adaptés à chaque âge, des podcasts ou même des séries pensées pour les jeunes. Ces ressources offrent des mots et des images qui facilitent la discussion.

Documents
Ressources utiles pour se sentir soutenu

Heureusement, de nombreux outils existent pour guider les parents. Voici quelques pistes :

Livres

  • Le petit illustré de l’intimité, de Titeuf et Marc Cantin, pour les plus jeunes.
  • Corps, amour, sexualité : les 120 questions que vos enfants vont vous poser, de Charline
    Vermont pour les 5/14 ans.
  • L’amour, la sexualité, on s’en parle, de Suzanne Jolys pour les 11-15ans.
  • Adosexo de Camille Aumont Carmel.
  • Parler d’amour et de sexualité avec son enfant, de Jocelyne Robert, pour parents et ados.
  • Tout savoir sur l’amour et la sexualité, de Hélène Romano, pour les ados.
  • Oser parler d’amour et de sexualité avec ses enfants, de Maëlle Challan Belval, pour les
    parents.

Podcast

Comptes et sites fiables

Comptes et sites fiables 

Ces ressources permettent d’apprendre pour soi, avant de transmettre. Parce qu’un parent rassuré, c’est déjà un parent plus à l’aise pour en parler.

Conclusion : chaque conversation compte, aussi imparfaite soit-elle

Être parent, ce n’est pas avoir toutes les réponses. C’est marcher à côté de son enfant, apprendre avec lui, chercher les bons mots, parfois les trouver ensemble.

Chaque échange, même bref, a de la valeur. Une question entendue dans le salon, un mot glissé au coucher, un regard attentif au détour d’un film : tout cela construit la confiance.

Ce n’est pas la perfection qui compte, mais la régularité et l’authenticité du lien.

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