Harcèlement sur Internet : que faire si mon enfant est cyberharceleur ?

Harcèlement sur Internet : que faire si mon enfant est cyberharceleur ?

Vous soupçonnez votre enfant d'être impliqué dans une situation de harcèlement sur Internet ? En tant que parent, découvrir que son enfant s'adonne au cyberharcèlement peut être profondément déroutant et éprouvant. Tout comme les victimes, les jeunes intimidateurs ont besoin d'aide et d'assistance.

Qu'est-ce que le harcèlement sur Internet ?

Le harcèlement sur Internet, également connu sous le nom de cyberharcèlement, désigne le fait d'intimider, de menacer, d'insulter ou encore d'humilier une personne en ligne de façon répétée. Souvent, ce type de cyber violence survient sur les réseaux sociaux utilisés par les jeunes comme TikTok, Snapchat ou Instagram. Mais ce comportement oppressif peut aussi se produire sur d'autres sites ou applications, par exemple sur les plateformes de streaming, de jeux vidéo ou encore sur les forums.

Par ailleurs, le cyberharcèlement peut prendre différentes formes : envoi de messages haineux, partage de rumeurs nuisibles, création de faux profils pour diffamer quelqu'un, détournement de photos ou de vidéos dans le but de ridiculiser, etc.

Reconnaître si son enfant est un cyberharceleur : les signes évocateurs

« 25 % des parents craignent que leur enfant devienne harceleur »

Qui dit victime de cyberharcèlement, dit agresseur. Et, rappelons-le, les auteurs des faits ont souvent eux aussi besoin d'assistance. La première édition du Baromètre de la parentalité de la MAE, enquête menée par Opinion Way en mai 2023, révèle d'ailleurs qu'un parent sur quatre s'inquiète que son enfant devienne un harceleur.

S'il est important de pouvoir identifier les symptômes d'un enfant opprimé en ligne, il est également essentiel de reconnaître les comportements suspects chez un jeune cyberharceleur pour l'aider à stopper au plus tôt.

Changement d'attitude à la maison ou à l'école

La plupart du temps, le comportement harceleur surgit chez un adolescent qui ne se sent pas bien chez lui ou à l'école. La tristesse, la colère, la solitude ou l'insécurité sont des sentiments pouvant pousser un jeune à faire souffrir les autres. « Cela peut être lié à un problème familial, une situation financière complexe, un parent au chômage, des difficultés dans la fratrie, à l'école ou dans les loisirs extrascolaires », précise la pédopsychiatre Nicole Catheline. Le manque de confiance en soi rend l'enfant vulnérable, et peut l'inciter à s'en prendre à quelqu'un de plus faible afin de le dominer, et de se sentir tout-puissant.

Par conséquent, soyez attentif si votre enfant devient secret sur ses activités en ligne, ou montre des signes de colère ou d'agressivité suite à un changement dans la sphère familiale ou scolaire. Voire même sans raison apparente.

Sentiment d'influence exercé par les camarades

Dans de nombreux cas, le harcèlement, qu'il soit sur Internet ou hors ligne, survient dans un contexte de groupe. En effet, les enfants sont généralement influencés par leurs pairs. Appartenance au groupe, besoin d'identification et de reconnaissance... Redoublez de vigilance si vous avez l'impression que votre enfant est sous l'emprise d'un ou plusieurs camarades.

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Possession de comptes multiples sur les réseaux sociaux

Autre signal d'alarme : votre enfant détient plusieurs comptes sur les réseaux sociaux. Sachez que les cyberharceleurs créent parfois de faux profils pour s'en prendre à leur victime de façon anonyme. Ils peuvent également usurper l'identité de la personne harcelée, en piratant son compte afin de se faire passer pour celle-ci.

Utilisation excessive des dispositifs numériques

Vous constatez que votre enfant passe de plus en plus de temps sur son smartphone, son ordinateur ou sa tablette ? Une utilisation prolongée et inhabituelle des supports numériques peut potentiellement cacher un comportement de cyberharceleur.

Les conséquences du harcèlement en ligne

Le harcèlement sur Internet entraîne de lourdes répercussions, tant pour les victimes que pour les agresseurs. Les comprendre est indispensable pour saisir l'ampleur du problème et agir de manière appropriée.

Les impacts pour la victime de cyberharcèlement

L'intimidation, l'humiliation en ligne ou encore les moqueries répétées sont des actes terribles à vivre, avec des conséquences qui peuvent être graves et durables. Un enfant en proie à de la cyber violence peut développer des problèmes de santé mentale comme l'anxiété et la dépression, voire des pensées suicidaires, avec, dans le pire des cas, un passage à l'acte. La performance scolaire et les relations sociales peuvent aussi se dégrader.

Pour les victimes, le soutien psychologique peut s'avérer fondamental afin de se protéger contre le cyberharcèlement et ses conséquences. La MAE propose notamment ce type d'assistance dans le cadre de son assurance extrascolaire.

Les sanctions légales encourues par les cyberharceleurs

Les cyberharceleurs courent des risques importants, même lorsqu'ils ne sont pas encore majeurs.

D'après site du service public, les mineurs de plus de 13 ans s'exposent aux sanctions maximales suivantes :

  • Harcèlement moral ou sexuel sur Internet : jusqu'à 3 ans de prison et 45 000 € d'amende.
  • Harcèlement scolaire sur Internet par un mineur de plus de 13 ans : 1 an et demi d'emprisonnement et 7 500 € d'amende ; 2 ans et demi et 7 500 € d'amende en cas d'ITT supérieure à 8 jours ; 5 ans d'emprisonnement et 7 500 € d'amende si la victime à été poussée à se suicider ou à tenter de le faire.
  • Harcèlement scolaire sur Internet par un majeur : 3 ans de prison et 45 000 € d'amende ; 5 ans de prison et 75 000 € d'amende en cas d'TT supérieure à 8 jours ; 10 ans de prison et 150 000 € d'amende si la victime à été poussée à se suicider ou à tenter de le faire.

Les cyberharceleurs âgés de moins de 13 ans bénéficient d'une présomption de non-discernement : on part du principe qu'elles et ils sont dans l'incapacité de mesurer la portée de leur acte. Dans ce cas, leur responsabilité pénale n'est pas engagée, mais des sanctions spécifiques peuvent s'appliquer.

Comment agir : les mesures à prendre si votre enfant est cyberharceleur

Selon une étude internationale menée par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) , 12 % des ados de 11 à 15 ans reconnaissent avoir déjà été un jour des cyberharceleurs. En tant que parent, vous avez découvert que votre enfant harcèle quelqu'un sur Internet ? Une fois passé le choc de la révélation, il est important d'agir sans tarder. Voici quelques conseils pratiques sur la manière d'aborder la situation et les actions à entreprendre.

Dialoguer avec son enfant sur le harcèlement en ligne

Commencez par avoir une conversation ouverte et honnête avec votre enfant afin de lui donner l'occasion de s'exprimer. Tentez de ne pas vous fâcher, questionnez-le pour tenter de comprendre ce qui l'a poussé au cyberharcèlement, et comment la situation s'est installée.

Vous pouvez lui demander s'il a conscience du mal qu'il cause - souvent, ça n'est pas le cas -, et l'inciter à faire preuve d'empathie. Expliquez-lui aussi les conséquences de ses actions, et discutez des valeurs fondamentales telles que le respect et la tolérance.

Dans tous les cas, veillez à ne jamais minimiser le harcèlement, et dites clairement à votre enfant que ce type de comportement est inacceptable.

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Prendre des mesures éducatives et disciplinaires

Si le comportement de votre enfant persiste après la discussion, des mesures disciplinaires s'imposent. Entre autres, il est recommandé aux enfants ayant insulté un camarade sur le Web de supprimer le contenu offensant et de s'excuser auprès de la victime. La limitation de l'usage des outils en ligne constitue une autre piste pour les parents. Vous pouvez également discuter d'une sanction appropriée avec votre enfant.

La prévention du harcèlement sur Internet chez les jeunes

En tant que parent, vous pouvez agir en amont pour prévenir ce phénomène.

Sensibiliser à un usage responsable d'Internet

Pensez à éduquer votre enfant sur l'importance d'adopter un comportement respectueux en ligne, comme dans la vie de tous les jours. Vous pouvez notamment aborder les dangers de l'effet de groupe sur les réseaux sociaux, ainsi que la liberté d'expression et ses limites.

Communiquer sur les conséquences psychologiques et pénales

Les jeunes doivent être informés des conséquences graves du harcèlement sur Internet, tant sur le plan psychologique que juridique. En discutant ouvertement des effets néfastes de ces violences, vous pouvez favoriser une réflexion plus approfondie sur les comportements digitaux, et décourager les actes nuisibles. Faites également comprendre à votre enfant que la victime a le droit de porter plainte, ce qui peut entraîner des sanctions sur le plan pénal pour le cyberharceleur.

Installer le contrôle parental sur les appareils numériques

Les outils de contrôle parental sont fondamentaux pour protéger les enfants. Ils permettent notamment de surveiller l'activité en ligne, de limiter l'accès aux contenus inappropriés, et de restreindre les interactions avec les individus malveillants.

Exploiter les ressources disponibles en ligne pour les parents

Enfin, sachez qu'il existe une multitude de ressources sur Internet destinées aux parents (et aux enfants). Par exemple, vous pouvez écouter le podcast de la MAE « Nos enfants, les écrans et Internet » afin de bénéficier de conseils d'experts. Les guides pratiques et les vidéos sont également des moyens efficaces pour s'informer et lutter contre le cyberharcèlement.

  • Qu'est-ce qui est considéré comme du cyberharcèlement ? Tout type d'intimidation, de menace, de diffamation ou d'humiliation qui survient dans la sphère numérique avec un caractère répété.
  • Quelles sont les formes de cyberharcèlement ? Le cyberharcèlement peut revêtir plusieurs formes : incitation à la haine, propagation de rumeurs, publication de photos ou vidéos offensantes, vengeance pornographique, usurpation d'identité digitale
  • Comment lutter contre le harcèlement en ligne ? La prévention est cruciale pour éviter les situations de cyberharcèlement. Les parents comme les établissements scolaires doivent
  • Quel numéro appeler en cas de cyberharcèlement ? Toute personne victime ou témoin de cyberharcèlement peut contacter le 3018 pour obtenir de l'aide. Le numéro de téléphone est gratuit, et les échanges sont anonymes et confidentiels.
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